dimanche 18 mars 2012

Demander pardon

Demander pardon
par C.G., conseillère conjugale



Demander pardon : pourquoi est-ce difficile ?

J'ai offensé une personne; j'aurais envie de fuir, ou alors de faire comme si de rien n'était. Réaliser que j'ai fait une faute m'est difficile. L'admettre à l'offensé en lui demandant pardon l'est encore plus. Pourquoi ? D'abord, reconnaître que j'ai eu tort me met face à mon imperfection, ma finitude, ma faiblesse face à la tentation du mal. Fini pour moi les rêves de toute-puissance et de parcours sans faute. Me voilà ramenée à ma condition d'être humain, avec ses bons mais aussi ses mauvais côtés. Mon image de moi se trouve entachée par la réalisation de ma faute. Peut-être suis-je moins géniale que ce que je le souhaitais ?!


Si je demande pardon, si j'admets ma faute, l'autre ne va-t-il pas me déconsidérer, me rejeter même ? L'autre ne va-t-il pas profiter de cet aveu de faiblesse pour utiliser la situation et m'abaisser davantage ?



Pourquoi demander pardon ?

Une première raison, c'est de le faire par respect de moi-même. Je veux agir d'une manière responsable et constructive. Mes actes m'appartiennent et je veux les assumer. C'est ainsi que je serai pleinement "installée" en moi-même.

Une deuxième raison est le respect de l'autre. Je lui ai fait du tort; il a droit au respect et cela implique que je lui fasse justice en admettant que j'ai fauté contre lui (ce que la Bible appelle “péché”). Cet aveu sera peut-être source de guérison pour lui.

Une troisième raison pour demander pardon, c'est d'ouvrir une voie à la réconciliation. Jésus a dit : "
Si au moment de présenter ton offrande devant l'autel, tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande devant l'autel et va d'abord te réconcilier avec ton frère; puis tu reviendras présenter ton offrande."(Evangile de Matthieu, ch5, v23-24). Dans l'optique de Dieu, que j'aille me réconcilier avec celui que j'ai offensé est plus important que tout, même que ma pratique religieuse (si je suis croyant). C'est, en fait, une mise en pratique de ma foi dans le contexte relationnel... et cela passe avant même la prière !

Qu'est-ce qui peut m'aider à aller vers l'autre ?

Je crains qu'il ne me juge mal, alors qu'en fait, avoir l'humilité de demander pardon attire le respect. Et si déjà, je m'accordais à moi-même le droit d'être humaine ? Accepter mon humanité, c'est accepter que je puisse faire des erreurs sans être pour autant "bonne à jeter". Si je m'accorde cela, l'autre me l'accordera peut-être aussi. Et avoir cette attitude intérieure vis-à-vis de moi-même évitera que je me justifie à tout prix. Oui, dans cette situation précise, j'ai eu tort. Je n'ai pas d'excuse. Même si certaines choses peuvent expliquer que... je prends l'entière responsabilité de mes actes.

De ce fait, je suis rendue capable d'entendre la plainte de l'autre, d'entendre sa souffrance s'il souhaite me l'exprimer. Je peux entendre sa blessure sans chercher à atténuer la portée de mes actes, et je peux même éprouver de l'empathie pour celui que j'ai offensé. Bien évidemment, cette attitude favorise l'ouverture du coeur de l'autre pour qu'il m'accorde son pardon. Mais ça, c'est sa décision, sa responsabilité; cela ne m'appartient pas. S'il me l'accorde et si la relation peut être restaurée, c'est un cadeau qu'il me fait, non un dû.

Comment demander pardon ?


Pour que ma demande de pardon soit sincère, elle doit être précise et basée sur des faits pour lesquels je vois mes torts. Je ne vais pas dire : "Je te demande pardon si je t'ai blessé". Non. Quand je dis cela, je n'admets aucune faute et je ne rétablis en rien une quelconque justice. Je dois être précis(e), avoir réalisé ma faute et l'énoncer clairement : "A telle occasion, j'ai fait telle chose. C'était méchant et injuste de ma part. Je t'en demande pardon".

Parfois, il pourra arriver que je blesse ou contrarie quelqu'un, simplement parce qu'on a des goûts, des avis, des besoins différents, et que ma façon d'être a pu le heurter. Dans cette situation, je vérifierai si j'ai ou non commis une faute. Pour avoir un repère, je me référerai aux dix commandements. Si je n'en ai transgressé aucun, j'irai vers l'autre et je lui dirai : "Je suis désolée, je n'avais pas l'intention de te blesser. On a simplement des points de vue différents." mais je ne lui demanderai pas pardon car il n'y a pas faute.

Demander pardon règle-t-il tout ?

Non. En fait, il reste la question de la justice. Toute faute mérite sanction. Je le sais bien lorsque quelqu'un me fait du tort et que tout en moi crie : "Ce n'est pas juste ! Ca mérite réparation !". Mais comment réparer lorsque c'est moi l'offenseur ? Il y a certains actes possibles - rendre ce que j'ai volé par exemple. Mais comment vais-je réparer l'impact d'une parole envoyée comme un poignard, sur un coup de colère ?

Le péché (faire le mal), c'est grave ! "
Le salaire du péché, c'est la mort" nous dit l'apôtre Paul. Heureusement, il continue sa phrase "mais le don gratuit de Dieu, c'est la vie éternelle en union avec Jésus-Christ notre Seigneur"(1). La dette que nous devions à la justice - la mort - Jésus l'a payée à notre place. "Le Christ lui-même a souffert la mort pour les péchés une fois pour toutes. Lui, l'innocent, il est mort pour des coupables, afin de vous conduire à Dieu." (2)

La demande de pardon nous conduit donc jusqu'à Dieu. Il est le seul qui puisse m’enlever ma culpabilité .
Avec lui aussi, la relation peut être restaurée !
1) épître aux Romains ch6 v23
2) 1ère épître de Pierre ch 3 v18




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