mercredi 10 août 2011

Les Dangers du Spiritisme




Par Léon Denis
Parmi les expérimentateurs du spiritisme, certains voulant, dans un but de contrôle, fixer eux-mêmes les conditions de production du phénomène, accumuler les obstacles et les exigences, n’ont obtenu aucun résultat satisfaisant, et, dès lors, sont devenus hostiles à cet ordre de faits.

Nous devons rappeler que les messages des esprits ne sauraient être assimilés aux expériences de physique et de chimie. Encore celles-ci sont-elles soumises à des règles fixes, en dehors desquelles tout résultat est impossible.

Dans les manifestations spirites, on se trouve en présence, non plus de forces aveugles, mais d’êtres intelligents, doués de volonté et de liberté, qui, parfois, lisent en nous, discernent nos intentions malveillantes et, s’ils sont d’un ordre élevé, se soucient peu de se prêter à nos fantaisies.

L’étude du monde invisible exige beaucoup de sagesse et de persévérance. Ce n’est qu’après des années de réflexion et d’observation que l’on acquiert la science de la vie, que l’on apprend à connaître les hommes, à juger leur caractère, à se garer des embûches dont le monde est semé. Plus difficile encore à acquérir est la connaissance de l’humanité invisible qui nous entoure et plane au-dessus de nous. L’esprit désincarné se retrouve au-delà de la mort tel qu’il s’est fait lui-même pendant son séjour ici-bas. Il n’est ni meilleur ni pire. Jour dompter une passion, corriger un défaut, atténuer un vice, il faut parfois plus d’une existence. Il en résulte que, dans la foule des esprits, les caractères sérieux et réfléchis sont, comme sur la terre, en minorité, et les esprits légers, épris de choses puériles et vaines, y forment de nombreuses légions. Le inonde invisible est donc, sur une plus vaste échelle, la reproduction, la doublure du monde terrestre. Là, comme ici, la vérité et la science ne sont pas le partage de tous. La supériorité intellectuelle et morale ne s’obtient que par un travail lent et continu, par l’accumulation de progrès réalisés au cours d’une longue série de siècles.

Nous savons cependant que ce monde occulte réagit constamment sur le monde corporel. Les morts influencent le vivants, les guident, les inspirent à leur insu. Les esprits s’attirent en raison de leurs affinités. Ceux qui ont dépouillé le vêtement de chair assistent ceux qui en sont encore revêtus. Ils les stimulent dans la voie du bien, mais souvent aussi les poussent dans celle du mal.

Les esprits supérieurs ne se manifestent que dans les cas où leur présence peut être utile et faciliter notre amélioration. Ils fuient les réunions bruyantes et ne s’adressent qu’aux hommes animés d’intentions pures. Nos régions obscures leur conviennent peu. Dès qu’ils le peuvent, ils retournent vers des milieux moins chargés de fluides grossiers, mais ne cessent, malgré la distance, de veiller sur leurs protégés.

Les esprits inférieurs, incapables d’aspirations élevées, se complaisent dans notre atmosphère. Ils se mêlent à notre vie et, uniquement préoccupés de ce qui captivait leur pensée durant l’existence corporelle, ils participent aux plaisirs ou aux travaux des hommes auxquels ils se sentent unis par des analogies de caractère ou d’habitudes. Parfois même, ils dominent et subjuguent les personnes faibles qui ne savent résister à leur influence. Dans certains cas, leur empire devient tel, qu’ils peuvent pousser leurs victimes jusqu’au crime et à la folie. Ces cas d’obsession et de possession sont plus communs qu’on ne pense. C’est à eux qu’il faut demander l’explication de nombreux faits relatés par l’histoire. Il y aurait danger à se livrer sans réserve à l’expérimentation spirite. L’homme au cœur droit, à la raison éclairée et sûre, peut y recueillir des consolations ineffables et de précieux enseignements. Mais celui qui ne rechercherait dans ces faits qu’un intérêt matériel ou un amusement frivole, celui-là deviendrait fatalement l’objet de mystifications sans nombre, le jouet d’esprits perfides qui, en flattant ses penchants, en le séduisant par de brillantes promesses, capteraient sa confiance, pour l’accabler ensuite de railleries et de déceptions.

Une grande prudence est donc nécessaire pour entrer en communication avec le monde invisible. Le bien et le mal, la vérité et l’erreur s’y mêlent, et, pour distinguer l’un de l’autre, il faut en passer toutes les révélations, tous les enseignements, au crible d’un jugement sévère. On ne doit s’aventurer sur ce terrain que pas à pas, le flambeau de la raison à la main. Pour chasser les mauvaises influences, pour éloigner la horde des esprits légers ou malfaisants, il suffit de rester maître de soi, de ne jamais abdiquer le droit de contrôle et d’examen, de chercher par-dessus tous les moyens de se perfectionner dans la connaissance des lois supérieures et dans la pratique des vertus. Celui dont la vie est droit, et qui recherche la vérité avec un cœur sincère, n’a aucun danger à redouter. Les esprits de lumière lisent en lui, voient ses intentions et l’assistent. Les esprits fourbes et menteurs s’éloignent du juste, comme une troupe de partisans devant une citadelle bien défendue. Les obsesseurs s’attaquent de préférence aux hommes légers qui négligent les questions morales pour rechercher en tout leur plaisir ou leur intérêt.

Presque toujours, des liens dont l’origine remonte aux existences antérieures unissent les obsédés à leurs persécuteurs invisibles. La mort n’efface pas nos fautes et ne nous délivre pas de nos ennemis. Nos iniquités retombent sur nous à travers les siècles, et ceux qui en ont souffert nous poursuivent de leur vengeance et de leur haine par-delà la tombe. Ainsi le permet la justice souveraine. Tout se rachète et s’expie. Ce qui, dans les cas d’obsession et de possession, nous paraît anormal, inique, n’est souvent que la conséquence des spoliations et des infamies accomplies dans l’obscur passé.

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